Economie et marchés - Octobre 2019

Paris, le 24 octobre 2019

Au cours du troisième trimestre de l’année, le S&P500 s’est apprécié de +1,2% et l’Eurostoxx50 de +2,8%, portant la performance de ces indices depuis le début de l’année à respectivement +18,7% et +18,9%. Il s’agit aux Etats-Unis de la meilleure performance depuis 1997 sur les 3 premiers trimestres de l’année. L’Europe n’est pas en reste, avec un record depuis 1999. Mais ces performances calendaires impressionnantes cachent une situation plus complexe.
En effet, le dernier trimestre 2018 avait vu les principaux indices s’effondrer de plus de -15% en 3 mois, de sorte que la performance sur les 12 derniers mois glissants est en fait bien moins flatteuse, avec un MSCI World en légère baisse sur la période (-0,2%).

Au-delà de ces performances boursières en trompe-l’œil, il ne fait plus aucun doute que la situation économique mondiale se dégrade depuis plusieurs mois, à tel point que la croissance mondiale devrait, selon l’OCDE, atteindre au mieux +3% en 2019. Et il faut bien avouer que les vents contraires n’ont pas manqué : enlisement du conflit commercial sino-américain, impasse des négociations sur le Brexit et autres incertitudes politiques (crise italienne) ou géopolitique (tensions États-Unis/Iran).

Nous écartons cependant un risque de récession mondiale dans notre scénario. Les investisseurs pourraient privilégier un scénario selon lequel la politique économique (monétaire et budgétaire) jouera pleinement son rôle de soutien. Avec un secteur manufacturier déjà au ralenti, il s’agit désormais d’éviter la contagion aux services, principaux pourvoyeurs d’emplois des pays développés. Dans cet esprit, la FED a abaissé ses taux dès le mois de juillet, alors que la BCE poursuivait sa politique ultra accommodante. Le temps de la réduction des bilans semble également révolu, la BCE ayant déjà acté la reprise de ses rachats d’actifs (€20mds/mois d’achats d’obligations d’états et d’entreprises), et la FED étant intervenue sur le marché monétaire pour le fluidifier, avec au passage une augmentation de son bilan de $100mds. Avec des taux directeurs exceptionnellement bas à ce stade de maturité du cycle (1,85% aux Etats-Unis et 0,0% en Zone Euro), la marge d’assouplissement monétaire supplémentaire paraît désormais limitée en regard de ce qui a déjà été fait (-340 points de resserrement monétaire aux Etats-Unis et -425 points en Europe depuis la crise de 2008). Or, quand la politique monétaire ne suffit plus, les outils budgétaires peuvent toujours prendre le relais, et c’est désormais un scénario sur lequel semblent tabler certains investisseurs. Aux États-Unis, la politique de baisse de la fiscalité a déjà été menée, et il faudra attendre au mieux l’issue des prochaines élections pour proposer de nouvelles mesures. En Europe en revanche, certains pays (Italie et France notamment) l’appellent déjà de leurs vœux, et la mettent en place dans les projets de budget 2020, encouragés en cela par la BCE elle-même.

Dans ce contexte, les publications du second trimestre, qui se sont achevées en août, ne laissaient toujours pas entrevoir de rebond des anticipations de bénéfices pour l’exercice 2019. Ainsi, même si nous considérons depuis un moment maintenant que les indices actions dans leur globalité n’ont plus beaucoup de potentiel en l’absence de nouveaux catalyseurs, nous continuons de penser également, qu’à l’instar de ce qui s’est passé jusqu’alors, certains secteurs à forte visibilité continueront d’afficher de solides performances (secteur Technologique et Santé notamment).

Lionel Daguzan