Economie et marchés - Avril 2019

Paris, le 18 avril 2019

La performance trimestrielle en euros du premier marché actions du monde (S&P 500) n’avait pas été aussi élevée depuis le quatrième trimestre 1999 !

Cette hausse récente, généralisée aux actions européennes et émergentes,  s’explique selon nous par un pessimisme extrême de la part des  investisseurs en fin d’année dernière, et par des valorisations d’actifs risqués qui s’étaient considérablement détériorées. Dans ce contexte, les discours de plus en plus accommodants des banques centrales, conjugués à l’avancement des négociations sino-américaines, ont logiquement été salués par les marchés.

Pour l’année à venir, la situation économique aux États-Unis, avec un chômage à 3,8 % et une inflation salariale à près de 3,4 %, incite à une certaine prudence ; avec de tels indicateurs la capacité d’accélération de la croissance de l’économie américaine nous semble faible. Quant à l’Europe, même si la situation économique paraît déjà dégradée, il nous semble difficile d’imaginer que le cycle européen puisse complètement se désolidariser de celui de la première économie mondiale. Cette prudence en termes de perspectives économiques se retrouve dans le discours de la BCE - dont la dernière hausse de taux remonte à l’été 2011 - et dans celui de la FED qui après trois années de resserrement monétaire prévoit désormais une longue pause, a minima pour l’ensemble de l’année 2019.

Sur le front des entreprises, les publications de résultats du quatrième trimestre se sont achevées fin mars et confirment de part et d’autre de l’Atlantique la décélération de la croissance bénéficiaire. La suite de l’exercice 2019 s’annonce donc encore incertain, avec des croissances bénéficiaires attendues à respectivement +2,5 % pour le S&P500 et +5,5 % pour l’Eurostoxx50. Compte tenu des performances récentes des indices boursiers, une poursuite de la hausse ne pourra donc se faire que par une expansion des multiples… Ou par des révisions de bénéfices qui repartiraient significativement à la hausse en cours d’année, ce qui nous semble peu probable avant le second semestre 2019.

Les actifs risqués pourraient redevenir plus volatils au cours des prochains mois, et offrir ainsi de bons points d’entrée. Mais nous pensons également que certains secteurs continueront de largement tirer leur épingle du jeu, et que la génération de performance se fera donc désormais non pas sur le sens du marché, mais davantage via la sélection de titres. Rappelons au sujet de la dispersion des performances au sein des indices que sur l’ensemble de l’année 2018, sur 11 secteurs recensés par Morgan Stanley (indice MSCI World en dollars), la différence entre la performance moyenne des trois meilleurs secteurs et celle des trois pires a atteint 18 %.

Nous écartons le risque de récession dans notre scénario. Nous rappelons à cet égard que la croissance américaine est ressortie à +3 % en moyenne au cours des 2 derniers trimestres 2018, et qu’il n’existe aucun précédent sur les 30 dernières années d’une récession dans les 6 mois suivants de tels taux de croissance.

Lionel Daguzan